Samedi 02 septembre 2017. Entrée du domaine de La Hulpe, aux portes de la capitale de l'Europe.
Le ciel s'est éclairci et semble de bien meilleure humeur que ce matin. Sans doute la perspective d'une soirée exceptionnelle lui a-t-elle ôté son air grincheux!
Notre carton d'invitation nous ouvre l'accès à la drève. Notre voiture progresse alors sur un chemin empierré, en pleine forêt.
La richesse naturelle et le caractère somptueux de cette entrée ne peut échapper à personne.
Afin de profiter pleinement de l'endroit, nous laissons notre véhicule et rejoignons le château à pied.
Celui-ci apparaît bientôt et, avec lui, les dispositifs pyrotechniques prévus pour ce 175 ème anniversaire. Ils me paraissent impressionnants. Nul doute que le spectacle sera grandiose!
Dans les très chics salons du château, nous croisons des anonymes privilégiés mais aussi des personnalités du monde politique ou télévisuel wallon.
L'ambiance paraît détendue, chaleureuse, en prélude certainement, à ce qui va suivre.
Même les plats me semblent en accord: revisitant partiellement la cuisine belge traditionnelle, ils s'inscrivent clairement dans la tendance bistronomique.
Car le voici, le fil conducteur : simplicité et raffinement! Tout à l'image de l'artiste mise à l'honneur ce soir.
D'ailleurs, il est temps de rejoindre le parc.
Assise sur mon siège, je prends conscience du monde qui m'entoure. Le public semble bien plus large que ce que j'avais imaginé; preuve s'il en est, que la muse et son défunt pygmalion rassemblent bien au-delà de leur propre génération.
Sur scène, les musiciens de l'Orchestre Royal Philharmonique de Liège ont pris place.
Moi, dans ce parc, au milieu de cette immense espace à l'arrière du château, j'ai l'étrange sentiment de vivre, en version moderne, un spectacle à la manière de l'aristocratie, au temps de la Renaissance …
Les premières notes retentissent; la voix douce et cristalline de Jane Birkin me sort de ma rêverie. Ou, en réalité, peut-être m'y laisse-t-elle, la sublimant simplement.
Car avec le concours de l'Orchestre Philharmonique Royal de Liège et du pianiste et compositeur japonais Nobu (de son vrai nom, Nobuyuki Nakajima ), l'artiste nous offre, pendant deux heures, une symphonie "en poésie majeure" emplie d'émotion.
Comme lorsqu'elle évoque son souhait d'imposer la chanson "Plus qu'un autre" , dans laquelle Serge Gainsbourg lui confie qu'elle a eu le meilleur de lui-même. Elle nous confie alors à son tour, à quel point il aurait été ému aux larmes - comme elle - de nous voir réunis autour de ses chansons et de sa musique, jouée par de prestigieux musiciens, ici, dans le fabuleux domaine du château de La Hulpe. Elle n'en dira pas plus. "Les dessous chics, c'est la pudeur des sentiments."
Suis-je la seule à voir s'allumer dans le ciel, à cet instant précis, la première étoile de la nuit? Le spectacle continue. Jane Birkin et l'OPRL donnent et reçoivent chaleureusement en retour. L'enthousiasme du public semble multiplier le leur. Un public qui, plutôt que de "fuir le bonheur avant qu'il ne se sauve" profite pleinement de celui qui est le sien.
C'est sur l'air de la Javanaise, après quatre standing ovations, qu'artistes et spectateurs se quittent enfin. "Mémorable", "magnifique", "inoubliable", sont les qualificatifs que j'entends autour de moi pour saluer le show. Pour ma part, j'ai adoré!
Avec "Birkin/Gainsbourg - la symphonie", Jane Birkin vient d'offrir à son ancien compagnon, oserais-je dire l'amour de sa vie, un extraordinaire hommage posthume. Car il faut reconnaître qu'au-delà de l'image provocatrice, sulfureuse et imbibée qu'il dégageait avant sa mort, Serge Gainsbourg était un poète, un vrai.
Bless you too, Jane. Thank you!
Maintenant, place au feu d'artifice!
Alors que nous quittons le domaine à la lueur des flambeaux, mon mari et moi avons l'impression d'avoir vécu une soirée exceptionnelle.
Pour son 175ème anniversaire, le domaine de La Hulpe a visé haut et juste, en s'offrant l'unique représentation de Jane Birkin en Belgique et un spectacle pyrotechnique grandiose.
Je ne doute pas que cette nuit au château restera pour la plupart des invités, un souvenir empreint d'émotions.
Et le château dans tout cela?
Avant son acquisition par le marquis Maximilien de Béthune, le domaine fait partie intégrante de la forêt de Soignes.
En 1893, Ernest Solvay, chimiste et industriel belge, fondateur de Solvay & co, achète l'ensemble pour y faire sa résidence d'été.
C'est son petit-fils qui donne au château et au parc leur configuration actuelle. C'est lui aussi qui, de crainte d'un morcellement du domaine, obtient son classement en 1963 et en fait don à l'Etat belge, à la condition de maintenir son intégrité et d'y promouvoir des manifestations culturelles.
Depuis son décès en 1972, la propriété de 227 hectares, qui appartient maintenant à la Région wallone, est accessible au public.
Classé patrimoine exceptionnel de Wallonie, le domaine du château de la Hulpe offre de très belles possibilités de promenade.
Le château, lui, ne se visite pas mais se loue pour des manifestations privées.
Le domaine abrite également la Fondation Folon, dans la ferme du château. Le superbe musée présente 40 années de créations du célèbre artiste. A découvrir!!
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